Réflexions sur l'actualité de la protection sociale
Ensemble réinventons la médecine de ville de demain
L’absence de signature au bas du projet de texte portant convention médicale pour les cinq prochaines années a aussitôt réveillé les velléités visant à enterrer l’instrument conventionnel. Et pourtant, le dialogue conventionnel n’a jamais paru aussi nécessaire pour restaurer la confiance perdue et bâtir un projet commun pour les soins de ville capable de garantir un accès aux soins pour tous les assurés. C’est tout le paradoxe de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Les transformations attendues aussi bien par les assurés que les médecins n’ont pas eu lieu mais l’heure n’est pas à l’accablement, ni à l’imputation des responsabilités. L’heure n’est pas non plus venue de céder aux sirènes du déconventionnement ou du « dé-plaquage ».
La volonté de continuer à trouver des solutions négociées aux grandes questions que sont l'accès aux soins, la qualité du parcours de santé et la rémunération des professionnels, et ce même en temps de crise, constitue la singularité et la force de notre système de santé. La négociation conventionnelle demeure l’instrument adéquat pour nous permettre d'assurer la pérennité de notre assurance solidaire et la qualité des soins.
Alors que notre système de santé traverse une crise sans précédent, l’absence d’une loi de santé de publique d’ampleur a incontestablement pesé sur les partenaires conventionnels pour partager un diagnostic et définir une stratégie politique commune. Pire, elle a généré une série d’initiatives parlementaires parallèles et dispersées semant la confusion auprès des professionnels de santé.
Par ailleurs, le malaise de la médecine libérale était peut-être plus profond que les pouvoirs publics ne l’avaient estimé : les files d’attentes qui s’allongent chez le généraliste, le caractère chronophage des actes administratifs, les injonctions paradoxales du modèle de tarification et parfois le manque d’accompagnement des jeunes médecins.
Du coté des assurés, l’idée qu’ils n’auront plus aussi facilement accès aux soins que précédemment est en train de s’installer chez eux. Ce sentiment rejoint la réalité quand dans certains territoires ils assistent à un véritable effondrement de l’offre de santé. Tous les jours les assurés et le réseau me font remonter leurs inquiétudes concernant l’accès aux soins.
Nous avons collectivement le devoir d’inventer une médecine de ville où chacun trouve sa place, où le médecin joue un rôle essentiel et où l’assuré est pris en charge et orienté dans son parcours.
Pluri professionnalité et coordination constituent une partie de la réponse. Le modèle du médecin traitant qui a quelque peu été écorné ces dernières années doit être réaffirmé dans ce mode d’exercice collectif pluridisciplinaire.
Il nous faut également mieux comprendre les motivations des médecins à s’installer dans un environnement ou un autre pour imaginer les solutions qui permettent l’implantation dans les « déserts médicaux ». Ces dernières dépassent le cadre conventionnel et sont parfois liées à l’aménagement du territoire et aux services disponibles.
Bâtir un projet commun pour la médecine de demain est un préalable pour renouer le fil de la confiance. Nous ne pourrons construire ensemble une première ligne de prise en charge de proximité sans les médecins. Et ces derniers auront besoin de l’Assurance maladie pour construire les soins primaires de demain et conserver une médecine libérale.
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